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PrÉSentation

  • : La Taverne des Trois Petits Trolls
  • : Ressources documentaires pour amateurs de littérature Fantasy et écrivains en devenir...
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Bien le bonjour !

Pourquoi ce blog me direz-vous ? Et bien il fait suite à toute une série de recherches que j'ai entreprise dans le cadre de la rédaction d'un manuscrit. Oui oui un manuscrit que je suis en train d'écrire... manuscrit ayant pour objet la littérature Fantasy (comme vous devez vous en douter)... J'ai commencé à l'écrire il y a bien longtemps déjà... et je ne doute pas que j'achèverai ce travail dans bien longtemps également... caressant secrétement le doux rêve de me faire, un jour, publier.

Vous trouverez ici des documents et des informations glânés ça et là au gré de mes errances sur le net. En espérant que vous puissiez y apprendre des choses intéressantes...

N'hésitez pas à signaler votre passage par un petit commentaire, et si vous êtes vous aussi des auteurs en devenir alors je serai enchanté d'échanger avec vous !

Je vous souhaite à présent une agréable visite... !

Eussé

4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 19:33

Le Festival Trolls & Légendes !!.... l'évènement en Belgique pour la Fantasy... de nombreux auteurs de livres et BD vont y participer ! Ca se passe le week-end du 7 et 8 avril 2007... ça tombe bien je serai justement en Belgique durant ces jours là et je ne vais pas me priver d'aller y faire un tour ! :o)

http://www.trolls-et-legendes.be

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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 13:44

Quelles différences y’a-t-il entre un Gnome et un Nain ? J’avoue qu’avant d’étudier la question il m’aurait été bien difficile de répondre... or il y a une différence fondamentale !

 

   On trouve les Gnomes dans les légendes françaises. Ils correspondent aux artisans renommés pour leur art et leur grande dextérité dans le domaine de la forge et de la confection d'objets magnifiques (et parfois magiques). Ils vivent plutôt dans les cavernes ou les grottes retirées dans les montagnes ou aux cœurs des forêts. Ils ne sont pas réputés pour leur intelligence mais le sont pour être bourrus et rustres. 

   Les Nains, quant à eux, et tels qu'on les conçoit dans les légendes anciennes, correspondent traits pour traits à la définition que l'on vient de donner des Gnomes, à ceci près qu’il s’agit de l'appellation retenue dans l'Edda (recueil de poèmes concernant la mythologie nordique) pour nommer les forgerons des puissants artefacts d'Odin et des ses compagnons. On retrouve ainsi les Nains dans les légendes scandinaves et germanique. 

 

 

 

   Cependant le sens du terme « Nain » a évolué avec le temps. A l’origine les « Nains » désignaient l’ensemble des races du petit peuple (Lutins, Gnomes.. etc). C’est en fait à Tolkien, et à son incroyable influence sur la littérature Fantasy, que l’on doit la dénomination communément admise aujourd’hui de ces forgerons. En effet, dans le Seigneur des Anneaux, l’auteur utilise le terme « Nain » non pas comme appellation générale, mais pour désigner la seule race des Gnomes.

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 10:41

On les appelle les Afars et on les trouve dans tout le nord de l'Ardèche...  et voici la légende en question sur laquelle je suis tombé et que je me suis empressé de copier/coller sur ce blog...


 

 

  

 Les Afars appartiennent au « Petit Peuple », ils font partie de la grande famille des lutins. Ils ont à peu près la taille d’un enfant de six ans ; ils sont tout noirs mais pas noirs de peau, non… noirs parce que couverts de poils de la tête aux pieds. Ils ont aussi de longues oreilles en pointe et de petits yeux brillant de malice qui leur permettent de se guider dans l’obscurité à la manière des chats.

 Les Afars habitent dans les grottes, les souterrains et, à la nuit tombée, ils sortent et vont chaparder de la nourriture dans les champs, dans les jardins ou quelquefois même jusque dans les caves : du blé, des carottes, du choux, des raves, des truffoles (c’est quoi des truffoles ??), des pommes, des châtaignes…

 Quand, sur leur chemin, ils rencontrent une vache qui passe la nuit dehors, ils vont la traire pour boire son lait puis ils lui tressent les poils de la queue (tiens ?... ils ont de drôles d’occupations quand même !?).

 Mais les Afars ne prennent que ce qu’il leur faut pour vivre ; ils savent se contenter de peu.

 Ils peuvent être employés comme gardiens de trésors par les fées (de mieux en mieux !! Pourquoi j’ai pas eu un Afar quand j’étais pti !!! J’aurais du en commander un au Père Noel !!), les enchanteurs, les magiciens et même le Diable. Près de Saint-Julien-Vocance, au sommet du Chirat Blanc, ce sont eux qui gardent le « Peitel » d’or (kézako ?). Après le travail, pour se distraire, ils font des rondes endiablées autour des rochers.

 Les Afars aiment aussi beaucoup faire des farces aux humains. Autrefois, leur farce favorite consistait à monter sur les toits des maisons et à s’asseoir sur les cheminées pour les empêcher de tirer. Ils riaient beaucoup de voir les gens ouvrir portes et fenêtres puis sortir en toussant car la fumée avait envahi la cuisine (on s’amuse comme on peut...).

 J’ai entendu raconter qu’un samedi matin, une femme revenait du marché quand, en passant chemin de Saint Denis, elle sent son panier devenir de plus en plus lourd… A vrai dire bien trop lourd pour les quelques provisions qu’il contient. Finalement, elle s’arrête, pose le panier par terre et l’ouvre délicatement… A ce moment, un Afar lui saute au nez en riant aux éclats et s’enfuit à toutes jambes avec le saucisson qu’elle venait d’acheter (sacrés Afars va...).

 Cependant voyez-vous, il y a une loi chez les Afars qui bride leurs mauvais instincts : s’ils ne sont pas obligés de faire le bien, ils ne doivent en revanche jamais faire le mal ! A la charge des victimes de déterminer la frontière et d’obliger nos farceurs à respecter la règle s’ils sont allés trop loin.

 Parfois certains hommes se mettent en tête de capturer des Afars. Ce n’est pas si simple mais voici comment on s’y prend.

 Vous devez d’abord vous munir d’une corde bien solide et d’une jolie paire de sabots. A la tombée de la nuit vous déposez vos sabots à l’entrée du refuge d’un Afar ; puis vous allez vous cacher ni trop loin, ni trop près. La nuit tombe, il fait de plus en plus noir et tout d’un coup vous apercevez deux petits yeux ronds brillant dans l’obscurité qui regardent à droite… à gauche… et qui viennent se poser sur vos sabots. Ah, ces sabots… comme ils sont beaux ! Notre Afar a bien envie de les enfiler mais il n’ose pas… alors il tourne autour… mais à la fin, la tentation est trop forte… il glisse un pied puis l’autre…

 C’est le moment de sortir de votre cachette. Le matru (le matru ?? c’est à se demander si je viens bien du même endroit !?) va essayer de s’enfuir mais comment courir avec des sabots si lourds et bien trop grands pour de tout petits pieds ? Il suffit alors de vous jeter sur lui, de le ligoter solidement avec la corde et de l’emporter sous votre bras. Puis, une fois arrivé à la maison, vous pouvez l’enfermer, au choix, à la cave ou au galetas.

 Et voilà ! Mais un Afar capturé est malheureux, il pleure toute la journée, il ne parle guère ou alors vous le comprenez mal : il s’exprime en une langue inconnue où reviennent souvent les syllabes de « micoulou-oû...coucoulou-oû. » Et puis, surtout, faites bien attention de ne jamais saler la nourriture que vous donnez à un Afar. Un seul grain de sel sur sa langue et il ne pourra plus jamais retourner parmi les siens. Il sera condamné à errer solitaire… plus tout à fait Afar, ni tout à fait humain… (oula... on va surtout pas lui donner du sel alors ! et puis c’est mauvais pour son hyper-tension également !).

 De plus, lorsqu’un Afar a été enlevé, les autres viennent la nuit rôder autour de la maison et crient : « surtout ne révèle pas le secret de la sauge ! ». Ah, le secret de la sauge… nous touchons là le plus grand mystère des Afars (ha ??). Nous autres, humains, connaissons bien la sauge comme plante aromatique utilisée par les cuisinières pour parfumer leurs plats ou comme plante médicinale aux multiples vertus. D’ailleurs, un célèbre proverbe dit : « Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin de médecin » (moi je connais un autre proverbe qui dit « Heurchon gourmand, deviendra grand » mais bon ça ne parle pas de sauge...).

 Mais il y a beaucoup plus étrange… les sorcières savent que la sauge fait partie des plantes sacrées depuis la nuit des temps et elles cueillent ses pouvoirs magiques une fois par an à l’heure qui n’existe pas (ha bon ???)… instant fugace entre le coucher de la lune et le lever du soleil.

 Mais hommes et sorcières ignorent tout du secret qui lie la sauge et les Afars…

 Revenons maintenant à notre petit prisonnier enfermé dans la cave ou le galetas. Il réussit souvent à s’enfuir en se glissant par une fine ouverture ou bien vous le relâchez car il vous fait regret à pleurer tout le jour.

 Il arrive aussi que les Afars enlèvent de petits humains pour les élever avec leurs propres enfants. S’ils veulent récupérer leur petiot, les parents doivent procéder comme pour capturer un Afar. Cependant, même après avoir ramené l’enfant au logis, les Afars rôdent toujours à minuit autour de la maison pour le réclamer comme un des leurs en appelant « Oh Miou-oû ! oh Miounetto ». Les parents doivent alors fermer soigneusement portes et fenêtres et souvent retenir l’enfant de force car il a toujours envie de retourner parmi les Afars qui l’aiment tant.

 Aujourd’hui, bien peu de gens peuvent se vanter d’avoir vu des Afars. On dit même qu’ils s’en seraient allés depuis que l’angélus sonne. Le tintement des cloches éloigne la grêle mais aussi les « esprits ».

 D’autres disent qu’ils ont tous péri sous des éboulis.

 En vérité, je ne crois pas qu’ils aient vraiment disparu mais ils ne se montrent pas à tout le monde, voilà tout. Ils sont devenus méfiants à cause des misères qu’on leur a faites. J’ai entendu dire que certains mettaient des clous dans les sabots pour leur blesser les pieds et les attraper plus facilement (c’est vraiment méchant ça !!) ou que les paysans leur tiraient dessus avec des fusils à pierre quand ils les surprenaient dans leurs champs (saleté de paysans !!! Ca leur suffit pas de tuer les renard faut qu’ils s’en prennent aux Afars en plus !!). Bien sûr, il est arrivé qu’un jardinier leur laisse quelques fruits, quelques légumes à récolter ou que des fermières donnent du lait aux mères Afars qui en avaient besoin pour leurs enfants. Mais c’était bien rare.

 A vrai dire, si vous voulez avoir une chance d’apercevoir des Afars un jour, vous devez avant tout… les aimer… puis faire preuve de beaucoup de patience et je ne sais pas si vous avez remarqué, mais aujourd’hui, la patience se fait rare ! Et enfin, garder à tout âge le cœur ouvert au rêve…

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22 février 2007 4 22 /02 /février /2007 15:28

Pendant que certains se demandent ce qu’ils vont manger ce soir ou le temps qu’il va faire demain... d’autres, plus tordus certainement, se demandent s’il existe des trolls qui ne sont pas uniquement méchants et stupides. J’avoue que je fais partie de cette deuxième catégorie... ceux dont les nuits sont hantées par ces créatures colossales : les trolls. Et la même question me revient encore et encore... sont-ils donc tous méchants ??? Voilà t’y pas là une question qu’elle est intéressante ?? N’existerait-il pas, dans des régions éloignées et perdues, des trolls sympathiques ??...

  Dans la mythologie nordique, le troll est un être vivant dans les montagnes ou les buttes (bergtroll). La légende nous explique que les trolls étaient des géants qui avaient surgi du corps d'Ymir (me demandez pas qui c’est, vous ne serez ainsi pas déçu par la réponse) ; ils symbolisent les forces naturelles dans leur énergie élémentaire. Les trolls étaient originellement plutôt considérés comme bêtes et naïfs que comme malfaisants. Comme l'Église n'arrivait pas à éliminer les croyances populaires, elle a fait du troll soit un être de petite taille et espiègle (semblable aux lutin ou korrigan du folklore français) soit voir un monstre dans certaines légendes. Avec l'effritement de l'influence luthérienne en Scandinavie, le troll a cessé d'être considéré comme un monstre, sans pour autant retrouver sa grandeur ancestrale : c'est désormais une drôle de créature, à laquelle on attribue telle ou telle anecdote cocasse, qui sert à expliquer la présence d'une bizarrerie dans le paysage (rocher lancé par un troll, par exemple). Conclusion : au mieux idiots, au pire malveillants.

 Loin de cette explication historique et scientifique, que d’aucuns qualifieront de folklorique, la véritable explication a, quant a elle, été délibérément cachée au public. En effet ce qu’on ne vous dit pas c’est que le Troll entrant en contact avec l’eau se transforme en caillou. Au fil du temps tous finirent donc par se changer en caillou. Et ils restèrent ainsi longtemps, très longtemps, jusqu’au jour où ils furent enfin réveillés (par qui ? par quoi ?...la légende ne le dit pas...). Malheureusement pour nos trolls, lorsqu’on ceux-ci ont pu sortir de leur torpeur minérale, les siècles d’immobilité avaient perverti leur esprit jadis simplement coquin pour en faire des créatures vicieuses. Et nous voilà finalement rendu au même point... les trolls sont malveillants !

  Chez Tolkien, les trolls furent créés par Melkor au premier Âge du monde, mais leur origine n'est pas connue. Sylvebarbe, dans le Seigneur des Anneaux, en parle et compare leur force à celle des Ents. Dans Bilbo le Hobbit, ils sont décrits comme très grands (une bonne dizaine de mètres de haut), puissants, laids et particulièrement stupides. Leur peau épaisse les protège des coups, mais la plupart se transforment en pierre sous les rayons du soleil. Ils vivent dans des cavernes. Ils amassent des trésors, tuent pour le plaisir et mangent homme, hobbit, nain ou elfe dès qu'ils peuvent. De pire en pire donc... d’idiots et malveillants nous passons maintenant à sanguinaires !

 Voilà donc ou j’en était rendu il y a quelques mois... je n’avais trouvé nulle trace de trolls sympathiques, intelligents, animés de bonnes intentions... aussi germa dans mon petit cerveau une idée lumineuse (ampoule basse consommation... développement durable oblige)... j’allais créer une nouvelle race de troll pour mon manuscrit (aide-toi et le ciel t’aidera).

 

 

 

 

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 11:07

LUTINS :

 Les lutins sont des êtres fantastiques, espiègles et facétieux, tantôt bienfaisants, tantôt malfaisants. D'allure gracile, ces représentants du Petit peuple, portent un long bonnet pointu - comme leurs oreilles. Certains lutins n'hésitent pas à rendre service aux humains ; ce sont les lutins domestiques. Autrefois, dit-on, chaque chaumière avait son lutin. Il aidait les servantes et surveillait la cuisson, il consolait les enfants tristes et prenait soin des animaux. Mais il ne fallait pas manquer de respect à son égard, au risque de le perdre à jamais ou bien qu'il jouât les plus vilains tours. D'autres lutins vivent au sein de la nature : lutins des forêts, des collines, des champs, des lacs, des souterrains, des pays gelés. Plus farouches, ils ont un aspect et un goût vestimentaire qui rappellent l'endroit où ils vivent. Par exemple, les lutins des forêts ont parfois la barbe verte comme la mousse, une peau d'écorce, des colliers de petits fruits. Une jeune feuille de rhubarbe sauvage leur sert de chapeau... D'autres noms servent à désigner les lutins : lupins, lubins, luprons, luitons, ludions, letiens, nutons. Les femmes lutins sont appelées généralement lutines et lupronnes.

  SOTTAI :

 Un sottai est un lutin cavernicole belge. D'après les récits populaires, ils étaient très petits et basanés. Ils portaient des cheveux longs retombant en boucles crépues. On pense que leur nom provient du wallon «so tèr», qui désigne un homme qui vit sous terre. Les grottes de la vallée de la Vesdre servaient d'habitation à ces nains. Ils réparaient ce qu'on posait près des ouvertures en échange de nourriture.

 FARFADET :

 Le farfadet mesure une cinquantaine de centimètres, ridé, la peau mate. Il est très farceur, joue parfois des tours aux humains. Il aime à courir dans les prés, les champs de lavande. Parfois le farfadet s'installe près d'une maison et s'occupe de son entretien, ainsi que des animaux, du jardin… On dit également qu'il lui arrive de réparer des outils, des chaussures, des choses cassées. Pour tous les services qu'il rend, il apprécie un verre de lait, des gâteaux de miel, mais n'acceptera pas de nouveaux vêtements, en remplacement des haillons qu'il porte. Les farfadets sont présents dans le Sud, ainsi qu'en Vendée, en Poitou. Ils vivent dans des galeries qu'ils creusent eux-mêmes. On raconte que les farfadets cachent leurs trésors dans le creux des chênes au pied des arcs-en-ciel. Membre éminent du petit peuple, le farfadet est parfois appelé fadet, ou également follet, car il apparaît de temps en temps sous forme de feu follet.

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19 février 2007 1 19 /02 /février /2007 16:15

Voici un prologue qui était censé débuter mon manuscrit... il a finalement été jeté aux orties car il ne me convenait pas du tout... un tout nouveau prologue lui a ainsi succédé, qui ne reprend rien du tout du premier, ce qui n'est finalement pas plus mal  ! Le but du jeu étant avant tout d'accrocher le lecteur dès les premières lignes... pour qu'il ait envie d'en lire d'avantage.

--------------

             En cette fin du mois de février, Orïn et Lömmb s’étaient levés tôt. Ils avaient décidé de partir chasser. La veille encore, Orïn avait repéré de nombreuses traces de sangliers dans la forêt et, bien qu’ils ne fussent pas des chasseurs aguerris, ils espéraient ramener du gibier à la maison lorsqu’ils rentreraient le soir venu.

             Orïn et Lömmb venaient de fêter leur seizième anniversaire. Ils étaient jumeaux, bien qu’ils ne se ressemblaient aucunement. Avant qu’ils ne partent, leur mère les avait embrassé tous deux sur le front, leur souhaitant une bonne journée de chasse. Elle n’était pas inquiète car ils connaissaient bien les bois et ne risquaient nullement de s’égarer. Elle savait aussi qu’à cette époque de l’année les ours hibernaient encore, quant aux loups, les Montagnes Blanches n’en abritaient plus depuis longtemps.

             Ils quittèrent donc Belgador alors que le soleil ne s’était pas encore levé, prenant soin de s’habiller chaudement et d’emporter leurs larges bérets. En cette saison les journées étaient au mieux fraîches lorsqu’elles n’étaient pas tout simplement froides. Chacun avait également emporté un morceau de pain et une outre d’eau, et s’était armé d’un arc et de flèches.

             La pluie se mit à tomber peu après leur départ. Une pluie fine et froide. Mais les deux frères n’en avaient cure, leurs vêtements les protégeaient parfaitement des intempéries. Ils marchèrent ainsi longuement et s’enfoncèrent profondément dans la forêt, parlant peu et se contentant de communiquer par signes afin de se fondre parmi la vibration du monde.

             La mi-journée approchait lorsqu’ils trouvèrent enfin les marques qu’ils cherchaient. Autour d’un vieux chêne, la terre avait été soigneusement retournée et fouillée. Ils décidèrent alors de grimper dans un grand sapin se trouvant non loin. Ils se postèrent chacun sur une large branche dépourvue d’épines et restèrent aux aguets. Sans bouger. Sans parler. Guettant, au rythme du bruit  de la nature, les échos des animaux.

             Leur attente fut longue mais grassement récompensée. Un sanglier, qui eut la malchance de venir rechercher quelques glands sous le chêne, fut abattu de deux flèches dans le crâne. Il s’effondra sans même pouvoir lutter. Les deux frères l’attachèrent à l’aide de cordes afin de pouvoir aisément le traîner. Ils étaient satisfaits et heureux. Déjà ils imaginaient la joie et la surprise de leurs parents à leur retour au village.

             Ils prirent le temps de se restaurer et ne se décidèrent qu’ensuite à rentrer. Ils voulaient être de retour avant que la nuit ne prenne possession des lieux. Elle tomberait d’ailleurs d’autant plus rapidement que le ciel était particulièrement couvert. Ils savaient qu’il n’était jamais prudent, même pour de solides fils du peuple des Montagnards, de se trouver dans la forêt une fois la nuit tombée. Le froid, plus que les prédateurs, était un ennemi particulièrement redoutable.

             Alors qu’ils s’en retournaient au village, la pluie se mit à redoubler. Le vent se leva et le temps finit par tourner à l’orage. De violentes bourrasques les firent vaciller. Le poids du sanglier se faisait à présent plus pesant et ils avançaient difficilement. Fort heureusement leurs vêtements les maintenaient au sec.

             Orïn et Lömmb étaient encore loin d’être arrivés lorsque la foudre éclata soudain dans un grand fracas. Elle tomba sur l’autre versant de la colline au pied de laquelle ils se trouvaient à ce moment là. Un éclair intense illumina le ciel et fit trembler le sol. Ce premier impact fut aussitôt suivi de trois autres. Les détonations furent si violentes que les deux frères s’agenouillèrent et se couvrir les oreilles. Tandis que le son sourd du tonnerre se propageait lentement dans la forêt, ils échangèrent un regard inquiet. Sans qu’ils n’aient le temps de reprendre leurs esprits, la foudre frappa de nouveau à quatre reprises. C’était comme si les cieux leur tombaient sur la tête.

             Lorsque le chaos se fut tu, les jumeaux se relevèrent et s’armèrent de leurs arcs. Leurs mains tremblaient autant de froid que de peur, et il leur fallut plusieurs secondes avant d’arriver à encocher une flèche. Ils regardèrent en direction du sommet de la colline derrière laquelle la foudre venait de tomber. Mais il n’y avait rien à voir. Le sommet était encore loin et de toute manière l’épaisse végétation interdisait d’apercevoir quoi que ce soit. Ils hésitèrent un instant avant de finalement se décider à gravir la pente.

             Alors qu’ils progressaient avec prudence, un cri perçant et effrayant retentit et les fit tressaillir. Un cri tel que les deux frères n’en avaient jamais entendu. Il était si puissant que le vent et la pluie ne purent le couvrir.

             Orïn et Lömmb se regardèrent. Ils n’avaient nullement besoin de parler pour se comprendre. La peur venait soudainement de les figer. Le cri leur avait semblé venir de partout et de nulle part à la fois. Qui donc avait pu pousser un tel hurlement, s’interrogèrent les deux frères. Ils se demandèrent finalement s’il était bien prudent de voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la colline.

             Tandis qu’ils méditaient sur la plus sage manière d’agir, Orïn attrapa brusquement le bras de son frère et lui fit signe de regarder sur la gauche. Lömmb ne vit tout d’abord rien, puis, après quelques secondes d’observation, il aperçut une forme indistincte au pied d’un arbre. Elle était en partie masquée par un buisson. Tous deux étaient sur leurs gardes. Ils savaient que ce ne pouvait être un animal.

             Ils approchèrent lentement. Retenant leur respiration. L’atmosphère était étrangement lourde. La forêt tout entière semblait être devenue hostile. Une inhabituelle tension s’empara d’Orïn et de Lömmb.

             Lorsqu’ils furent suffisamment avancés, ils découvrirent qu’en fait de forme indistincte il s’agissait d’un homme. Celui-ci gisait étendu sur le ventre et face contre terre, à moitié nu, ne portant que des lambeaux de vêtements. Orïn s’approcha le premier. Il fut épouvanté de constater que le corps de l’individu était entièrement couvert de plaies et d’entailles. Les jambes du jeune garçon faillirent le trahir et il dû s’agripper à une branche. Il lui sembla que son cœur, son estomac et tout son être étaient soudainement précipités dans un abîme. Une désagréable sensation de nausée apparut au fond de sa gorge qu’il réprima en avalant sa salive.

             Quand Lömmb s’approcha à son tour, il fut tout aussi horrifié que son frère. L’homme ruisselait de sang. Jamais auparavant il n’avait vu de telles blessures. Alors qu’il s’agenouillait près du malheureux, le vent apporta une nouvelle fois un cri tout aussi effrayant que le premier. Il portait en lui les stigmates d’une souffrance et d’une douleur particulièrement aiguë qui fit frissonner les deux frères.

             Orïn banda un peu plus son arc et scruta la forêt, ne pouvant empêcher ses mains de trembler. Son cœur battait tellement fort qu’il lui semblait l’entendre raisonner dans ses oreilles. Agenouillé près de l’inconnu, son jumeau lui lança un regard empli de peur. Orïn partagea son sentiment et lui fit signe de la tête de partir. Mais lorsque Lömmb posa sa main au sol pour se relever il fut violemment agrippé par l’inconnu gisant près de lui. Ce dernier releva soudainement la tête. Ses yeux étaient révulsés et du sang coulait de sa bouche.

             La frayeur s’empara alors de Lömmb qui ne put retenir un cri de panique. Il fit sursauter Orïn qui se prit le pied dans une racine et chût à ses côtés tandis qu’il se dégageait brutalement de l’emprise de l’inconnu.

 - Ils arrivent. Murmura ce dernier d’une voix rauque et faible.

             Retrouvant leurs esprits, les deux frères rampèrent à reculons du mieux qu’ils purent afin de s’éloigner de l’individu.

 - Ils arrivent. Fuyez. Répéta le malheureux.

             A cet instant le cri se fit alors entendre pour la troisième fois. Long et insupportable. Mais il se termina cette fois ci par un rire. Un rire dont on n’aurait su dire s’il était plus effrayant qu’angoissant. 

 - Ils arrivent, bredouilla difficilement l’homme.

             Il semblait terrifié.

 - Qui arrivent ? Demanda fébrilement Orïn.

  - Le Magicien… Commença d’articuler l’inconnu en crachant du sang.

 - Le Magicien ? Voulez-vous parler d’Igornay ?

 - Le Magicien… le Magicien est tombé… Ils arrivent.

 - De qui parlez-vous ? Insista Orïn.

 - Fuyez. Murmura-t-il dans un dernier soupir.

             Et il reposa sa tête sur le sol.

             Les deux frères échangèrent un regard apeuré. Ils se relevèrent énergiquement, tremblants de tous leurs membres, et fuirent à travers la forêt.

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 15:12

           Le mot korrigan (du breton “korr”, nain, suivi du diminutif “ig” et du suffixe “an”, pluriel breton: « korriganed ») signifie “petit nain” avec un suffixe hypocoristique très fréquent dans les noms de personnes. Au féminin, on trouve parfois une forme féminisée à la manière française «korrigane», qui peut désigner une fée malfaisante. Les préfixes « corr » (littérature galloise) et cor (ancien cornique) désignent tous deux un nain. Les korrigans, parfois aussi appelés poulpiquets, sont des esprits prenant l’apparence de nains dans la tradition celtique et en particulier bretonne. Bienveillants ou malveillants selon les cas, leur apparence est variée. Par exemple ils sont dotés d’une magnifique chevelure et d’yeux rouges lumineux, à l’aide desquels ils peuvent ensorceler les mortels. Ils hantent les sources et les fontaines.

 

 

             Au Moyen Âge, on leur attribue avec terreur les ronds de sorcières qu’on trouve parfois sur les prés ou dans le sous-bois. On dit qu’ils y font cercle pour danser à la tombée du jour. Au mortel qui les dérange, il arrive qu’ils proposent des défis qui peuvent se transformer en pièges mortels menant tout droit en enfer ou dans une prison sous terre sans espoir de délivrance. Dans la nuit du 31 octobre, on prétend qu’ils sévissent à proximité des dolmens, prêts à entraîner leurs victimes dans le monde souterrain pour venger les morts des méfaits des vivants. Cette tradition les rattache à la non moins celtique Halloween.

 

             Parfois aussi, ils symbolisent la résistance de la Bretagne à la christianisation et on leur prête alors des facéties nocturnes au voisinage des églises prenant spécialement les prêtres pour cibles.

 

 

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 12:04

LES ORIGINES D’UN GENRE

 

  Le mot fantasy et ce qu’il recouvre

 

            Le mot fantasy... désigne à l’origine l’imagination créatrice - la faculté de rêver - ou l’imagination libre de toutes contraintes. (...) Plus récemment le mot fantasy en est venu à désigner un genre littéraire” (J. Goimard). Sa première apparition avec ce sens date de 1949 avec le n°1 de la revue The magazine of Fantasy devenu The magazine of Fantasy and Science-Fiction dès le n°2. En français on le traduit parfois par « épopée fantastique » mais cela restreint la définition du genre, c’est pourquoi on garde généralement le mot anglais.

 

              Longtemps considérée comme un courant de la science-fiction, dénigré par les puristes, la fantasy prend progressivement son autonomie au point d’éclipser maintenant la science-fiction proprement dite. Dans son article Les univers de la fantasy (Lecture Jeune, juillet 1998, n°87), J. Goimard dénombre les différentes tendances regroupées sous ce terme à l’heure actuelle :

 

   - l’heroic fantasy qui prend deux orientations selon les auteurs :

 

 • La première issue de Conan le Barbare de Howard “campe des figures de jeunes barbares pour les opposer à des civilisés culturellement et somatiquement décadents”, “dérive “hitlérienne” surtout sensible dans des oeuvres de second choix”.

 

 • La seconde issue du Seigneur des anneaux de Tolkien. “Pour l’écologisme naissant ce livre fut l’emblème de l’idéal nouveau : des petits peuples variés - humains ou non humains, jamais surhumains - coexistent dans une nature accueillante, utilisant parcimonieusement les énergies douces et leur magie blanche”

 

  - le courant féministe et la science-fantasy. “Tout part d’Ursula Le Guin qui, dans Terremer donne un modèle de fantasy ethnologique, cependant que sa Main gauche de la nuit inspire un courant qui, chez Anne Mc Caffrey (Pern) et Marion Zimmer Bradley (Ténébreuse), aboutit à la science-Fantasy”. Carolyn Janice Cherryh s'inscrit aussi dans ce courant (Les portes d’Ivrel, Le puits de Shiuan, Les feux d’Azeroth et la trilogie de Soleil mort).

 

 - la romantic fantasy, “où l’héroïne est partagée entre les valeurs épiques du combat et les valeurs sentimentales de l’amour” : Katherine Kurtz, Mercedes Lackey, Jennifer Robertson, M.Z. Bradley.

 

 - Une light fantasy ou humorous fantasy. “qui se caractérise par l’usage élargi du non-sense et la référence - à l’arrière plan à Lewis Carroll.” Les contes de l'Oriel participent à cette tendance. Terry Pratchett (Mécomptes de fées et autres Annales du disque-monde), Piers Anthony, C. Cushman (La sorcière et le wombat) écrivent des œuvres drôles et parodiques.

 

 A cette liste il faut rajouter un courant un peu marginal mais de grande qualité littéraire que l'on pourrait nommer :

 

 - l'histoire revisitée. John Crowley avec Aegypt ou Evangelisti dans la série dont le héros est le Grand Inquisiteur Eymerich font partie des maîtres de ce genre. Beaucoup d'autres récits de fantasy jouent avec l'histoire, inventant des mondes parallèles dans lesquels vivent des doublets de personnages historiques connus. Fabrice Colin (Vestiges d'Arcadia), David Calvo (Délius, une chanson d'été), pubiés l'un et l'autre aux éditions Mnémos font référence aux années 1850-1900 et aux grands écrivains des littératures de l'imaginaire de l'époque victorienne (Lewis Carroll, Conan Doyle).

 

    La fantasy ou le mélange des genres

 

            Genre hybride, plein de surprises, il est issu en partie des anciennes traditions orales et littéraires. Contes, folklores et nombre de mythologies y sont recyclées dans des œuvres totalement originales (...). Pourtant, malgré ces influences, la tonalité des romans de fantasy est bien différente de celle du merveilleux, comme le prouvent les écrivains du XXème siècle qui, non contents de réinventer cette matière en profondeur l'amalgament avec les codes culturels les plus récents” (S Manfredo, les multiples voix de la fantasy, Lecture jeune, juillet 1998, n°87).

 

             La fantasy est née de l’aspiration de certains auteurs de science-fiction, en particulier des auteurs féminins à introduire la poésie, le fantastique et une dimension humaine qui priment sur la technologie, la philosophie ou la guerre des étoiles, habituelles caractéristiques de la science-fiction. Certaines oeuvres sont à la charnière de la science-fiction et de la fantasy : la série de Dune par exemple, ou celle de Majipoor. C.J. Cherryh, Tanith Lee, A. Dibell, publiés au Club du livre d’anticipation des éditions Opta à la fin des années 70 appartiennent à cette époque ou la fantasy - l’heroic fantasy - se distinguait mal de la science-fiction. Ensuite, le genre a pris ses marques.

 

  Les précurseurs

 

            Merveilleux et féerique tiennent la première place dans les oeuvres les plus récentes, souvent inspirées par les contes, qui subissent l'influence d'un certain nombre d'auteurs anglo-saxons que l'on peut considérer comme des précurseurs. Lewis Carroll, surtout dans Sylvie et Bruno, Mervyn Peake dans la série Titus d'Enfer, imaginent des châteaux fantastiques où vivent des personnages pittoresques autour d'un ou deux enfants qui grandissent et explorent les salles abandonnées, les donjons menaçant ruine de ce château-univers.

 

             Lord Dunsany (La fille du roi des elfes) est de ceux qui ont les premiers réintroduits les elfes dans la littérature moderne, avant Tolkien. J.R.R. Tolkien commence son oeuvre avant la guerre de 1914. C'est une réinvention puissante d'une terre, de ses peuples, de son histoire et de ses mythes. Tolkien était passionné de langues anciennes et particulièrement de vieil anglais et de saxon. Il a créé une langue cohérente avec ses variantes. Il est le grand initiateur des mondes de la féerie. Il n'est plus possible de parler d'elfes sans faire référence au Seigneur des anneaux et les noms des elfes dans les oeuvres de fantasy ont une parenté nécessaire avec la langue des Terres du Milieu.

 

             Les univers horrifiants de Lovecraft ont également influencé les auteurs de fantasy. Squelettes et morts-vivants tiennent une grande place dans les jeux de rôle Donjons et dragons. Le maître occulte des hordes du mal se rencontre dans beaucoup d'univers de fantasy.

 

             Au-delà, les auteurs de fantasy se réclament eux-même de grands ancêtres tel Rabelais et ses géants sortis tout droit de la tradition populaire française pour entrer en littérature.

 

             Tous les éléments de la Fantasy telle qu'on la (re)connaît aujourd'hui sont réunis chez cet auteur. La Fantasy francophone peut être fière de ses bagages...”, disent Henri Loevenbruck et Alain Névant dans la postface de leur anthologie. et de conclure que s'il avait écrit dans la deuxième moitié du XXe siècle, Rabelais aurait été publié dans une collection de fantasy et méprisé par la critique non spécialisée (Les enfants de Rabelais, postface de l'anthologie Fantasy : dix-huit grands récits de merveilleux, Fleuve Noir, 1998). Pierre Bordage, auteur de science-fantasy, prend “l'exemple du Graal, à [son] sens un modèle de fantasy” pour définir la dimension sociale et politique comme critère romanesque d'une littérature intéressante car “la quête de Perceval servira à ramener la paix et la prospérité dans le royaume. Sa propre initiation, son parcours n'auront de valeur que s'ils servent l'intérêt commun” (Entretien, Lecture jeune, juillet 1998, n/87).

 

             Il y a en effet beaucoup de rencontres entre la fantasy du XXe siècle et les romans de chevalerie des XIIe-XIVe siècles. Un chevalier errant cherche l'aventure ou doit poursuivre une quête qui l'amènera à combattre dragons et géants, à se rechercher lui-même dans une quête morale et mystique. La littérature romanesque médiévale a servi à définir l'idéal chevaleresque de courtoisie, de droiture et de générosité. On peut sans risque de se tromper penser que la réalité était moins belle.

 

 

  DES INVENTEURS DE MONDES

 

             Un des grands attraits de la fantasy réside dans la puissance d’imagination de ses auteurs. Chaque oeuvre emmène son lecteur dans un “monde imaginaire si cohérent qu’il concurrence le monde réel” (J. Goimard, postface à Faërie : la colline magique de R Feist, 1989).

 

             La science-fiction est une grande productrice de planètes étranges sur lesquelles la vie s’est développée suivant une toute autre histoire que sur la terre. Qu’il s’agisse de La Guerre des étoiles, de Dune, de Odyssée 2001, pour ne citer que quelques titres parmi les plus connus, le thème est la rencontre par les hommes d’une autre forme de vie intelligente et peut-être plus avancée technologiquement (ou philosophiquement), parfois dans le cadre d’un Empire Intergalactique qui mêle les races et lance des voyages de découverte. Dans la fantasy, le dépaysement est moins radical : nous sommes sur terre (une autre terre, une terre “parallèle”). Les personnages, humains ou non appartiennent à ce monde et ne connaissent que celui-ci (avec quelques exceptions comme Les chroniques d’Arcturus de Gilles Servat ou La tapisserie de Fionavar de G Gavriel Kay où les héros viennent d'ailleurs). Mais l’invention est précise, complète. La fantasy “se nourrit de détails concrets, le plus souvent étranges et poétiques. Elle ne se lasse pas de décrire les langues, les mythes, les institutions des peuples qu’elle explore ; elle s’accompagne volontiers de cartes, de chronologies, de généalogies, de dictionnaires. (...) Elle édifie des cosmos de rêve où il faut le temps d’entrer et de s’installer ; quand le lecteur s’en est imprégné au point d’y vivre, il arrive qu’il ne puisse plus s’en passer. C’est pourquoi la fantasy se prête non seulement au long roman mais aux cycles” (J. Goimard).

 

 Le décor

 

            La référence à l’oeuvre de Tolkien est omniprésente. Ces “Terres du Milieu” (le mot est de Tolkien mais la notion est devenue universelle) reprennent, de livre en livre, des éléments de décor, des caractéristiques communes :

 

 - c’est un monde sans technologie, proche du Moyen-Age (ou de l’image que s’en font les auteurs américains). “Les univers de la fantasy sont imprégnés d’archaïsme et de nostalgie (...) ils expriment le regret d’un temps où les hommes peuplaient le monde de forces surnaturelles qui exprimaient et résolvaient leurs conflits inconscients” (J. Goimard).

 

 - Il est gouverné par la magie ou la magie y joue un grand rôle (elle prend en partie la place de la technologie).

 

 - Les lieux habités sont presque toujours fortifiés. On y trouve villes, châteaux, maisons fortes, villages isolés, séparés par des contrées sauvages et dangereuses de forêts immenses, de montagnes, de déserts glacés. C’est la relation de l’homme à la nature du haut Moyen-Age et des romans de chevalerie des XIIe-XIVe siècles.

 

 

     Les êtres fantastiques

 

            Ces lieux sauvages sont peuplés d’êtres fantastiques. Ils sont de plusieurs natures. D’une part, les elfes et les fées de l’Autre Monde, les nains des contes sont des peuples organisés, neutres ou amicaux dans leurs relations aux humains ; d’autre part les monstres et les créatures du mal.

 

 1. Les elfes et les nains

 

             Ils sont issus du merveilleux traditionnel. Les elfes et les fées peuplent l’Autre Monde du Moyen-Age et la littérature française et européenne du XIIe au XIVe siècle. Lord Dunsany et Tolkien leur ont donné une nouvelle vie. Sauf exception (Le Parlement des fées de Crowley), les auteurs de fantasy privilégient leurs formes médiévales plutôt que celle du “Petit Peuple” anglo-saxon (un peu mièvre dans les contes du XIXe siècle comme Peter Pan). Les nains et les géants font partie des rencontres obligés du chevalier errant au Moyen-Age. Pourtant si le géant de nos romans est bien le même que celui des romans de chevalerie, les nains industrieux et miniers viennent de la tradition allemande.

 

  2. Les animaux fantastiques

 

             Les bestiaires du Moyen-Age connaissaient dragons, basilics, griffons, sirènes et centaures. On les retrouve dans certaines chansons de geste (cycle de Guillaume d’Orange) et dans les romans de chevalerie. La fantasy comme le conte traditionnel utilise beaucoup les dragons mais invente aussi de nouvelles versions d’animaux fantastiques, en particuliers d’oiseaux gigantesques qui peuvent être dressés, éventuellement servir de montures. Les animaux fantastiques traditionnels étaient, sauf le phénix, des animaux dangereux qu’il fallait combattre. La fantasy les range soit du côté du mal, soit du côté du bien et l’on connaît des exemples nombreux de dragons amicaux.

 

  3. Les créatures du mal

 

             Comme les hordes de Satan, elles sont légions. Ce sont des êtres issus du légendaire nordique : gobelins, trolls ; ce sont les orques de Tolkien ; ce sont enfin tous les monstres issus de l’imagination de nos auteurs. Mi-hommes, mi-bêtes, elles servent un pouvoir occulte terrifiant, incarné par un demi-dieu ou son serviteur (Sauron dans le Seigneur des Anneaux, le Chevalier, la Reine et le Roi des Epées dans la série Corum de Moorcock, Rakoth Maugrim dans La tapisserie de Fionavar, de Kay).

 

  La société

 

            Dans les récits de fantasy les plus récents, nous sommes plongés dans une société d’avant la technologie qui ressemble beaucoup au Moyen-Age des IXe-XIe siècles. Fortement rurale, enserrée dans une nature sauvage, elle favorise l’isolement de petits groupes humains. Les voyages sont dangereux, les marchands peu nombreux.

 

 

    1. Régimes politiques

 

             Ce sont presque partout des monarchies, le plus souvent clémentes qui s’opposent aux troupes du mal conduites par des tyrans. Dans beaucoup de récits, une monarchie paisible est menacée : crise politique due à une succession difficile ou invasion du royaume par un ennemi allié aux forces du mal. Des escarmouches, des sièges, la rencontre d’armées gigantesques alternent avec des chevauchées dans un pays dévasté.

 

             Selon les textes, l’esclavage fait ou non partie de cette société. Parfois, le héros sera capturé et réduit en esclavage (Par exemple dans Conan le Barbare, série de romans inspirés des mondes de l’Antiquité, et assez différents de la littérature de fantasy actuelle).

 

 2. Religions, prêtres, mages et sorciers

 

 La réinvention d’une mythologie est une des dimensions particulières de la fantasy. On ne s’étonnera donc pas de rencontrer divinités, démons, mages et sorciers au détour des pages.

 

 - les druides et les mages. Ils se partagent entre le bien et le mal. Leurs pouvoirs sont de caractère magique et plus ou moins grands selon leur savoir. Leur modèle médiéval est Merlin, leur modèle moderne Gandalf opposé à Saroumane (Le Seigneur des Anneaux).

 

 - sorciers et sorcières. Personnages inconnus des romans médiévaux, ils sont très présents dans la fantasy, leurs modèles venant de l'histoire (chasse aux sorcières à partir du XIVe siècle), des contes, de la littérature fantastique de la fin du XIXe siècle mais aussi de l'intérêt de l'ethnologie du XXe siècle pour le chamanisme. Ces personnages participent de la réhabilitation actuelle des sorcières (littérature enfantine, Hallowe’en,...) dans le cadre d'une contre-culture essentiellement féministe. Inspirés des personnages de contes traditionnels (Tad Williams met en scène une bonne sorcière qui habite une maison à pattes de poule comme celle de la Baba Yaga des contes russes), les sorciers et sorcières de la littérature de fantasy, peuvent être amicaux et bienveillants ou être de terribles adversaires au service du mal. Il n’y a pas toujours de délimitation claire avec les mages.

 

 - les prêtres et les religions “officielles”. Les religions hiérarchisées ont une image négative dans la plupart des textes. Cultes cruels dédiés à des dieux païens ( La Belgariade oppose un culte organisé avec sacrifices humains à des relations individuelles amicales et confiantes avec d'autres dieux) ou organisations rappelant l'Eglise, les religions sont souvent des moyens d'oppression et de pouvoir. Les souvenirs de l’Inquisition hantent l’imagination des auteurs de fantasy (Les guerriers du silence de Pierre Bordage).

 

  3. Une société multi-raciale

 

             Dans les Contes de l’Oriel, le héros est un brave homme qui, en l’absence du marchand habituel, part à la ville lointaine vendre ses fromages. Lui qui ne connaissait que par ouï-dire les nains qui les achètent, va rencontrer des peuples étranges et nouera avec eux des liens d’amitié : elfes toujours mystérieux, nains affairés ; il aura aussi à se défendre contre des monstres anonymes qui habitent la nuit.

 

             C’est un thème fréquent dans la fantasy, hérité de Tolkien qui s'inspirait des traditions anglaises. Des races différentes coexistent : humains, elfes, nains, petites personnes (hobbitts), géants, trolls et gobelins. Les hobbitts furent inventés par Tolkien, les autres races sont directement tirées de la mythologie ou des contes traditionnels occidentaux. Hommes, elfes, nains et monstres habitent le même univers et cohabitent dans les romans issus de l'influence de Tolkien. Dans d’autres cas, il y a altérité de deux univers et la rencontre des êtres de l’Autre Monde est plus difficile, réservée à quelques personnes (Le Parlement des fées de Crowley). Mais toujours, il est question de la rencontre de l’autre, de la haine et de la tolérance, de la guerre et de la paix. Bien entendu cette description des mondes de la fantasy ne recouvre qu'une partie de cette littérature, par définition création de l'imaginaire et infiniment variée, diverse, étonnante.

 

   HÉROS ET THÈMES DE LA FANTASY

 

 L’intrigue

 

            Il n'y a pas d'intrigue type de la fantasy mais il est possible de reconnaître des constantes qui la définissent et qui servent de bornes autour desquelles les auteurs bâtissent leur roman soit en fidélité au genre soit en dérision de celui-ci.

 

1. L’épopée

 

             L’image que l’on associe spontanément au genre est faite de dragons, gobelins et grands coups d’épées. C’est à la fois vrai et faux. Le genre s’est d’abord appelé “heroic fantasy”. C’était la réintroduction, par une variante du space opera, de l’épopée médiévale dans le monde de la science fiction. Les oeuvres de Ursula Le Guin, Tanith Lee et Carolyn Cherryh ont marqué un des grands moments de cette histoire littéraire. De Soleil mort, trilogie de C.J. Cherryh, D. Walther parle comme d’une “aventure “politique” où le devenir, pour ne pas dire le destin des personnages, est inscrit avec un tel discernement dans la trame de l’histoire à venir qu’il s’apparente soudain aux tentatives les plus littéraires de relecture de l’épopée” (préf. à Kesrith, t.1 de Soleil mort, 1983).

 

             La même appréciation peut être portée sur d’autres oeuvres plus récentes telles La Belgariade suivie de La Mallorée (12 volumes au total) qui, bien que menée avec un moindre souffle épique, est une grande fresque mettant en scène une dizaine de royaumes, leurs alliances et leurs guerres.

 

  2. La quête

 

             L'action est souvent construite sur le schéma de l’errance ou de la quête. Le prince Corum échappe au massacre de sa famille et de son peuple. Sa vie sera une errance dirigée par la lutte contre le mal et la recherche de la vengeance (série Corum de Moorcock). Garion dans La Belgariade de D. Eddings doit fuir la ferme où il a été élevé et parcourra le monde pour remplir une antique prédiction et accomplir son destin. Bilbo est sollicité par Gandalf pour aller à la recherche d’un anneau et son neveu Frodon aura mission de porter cet anneau dans le Mordor (Bilbo le Hobbitt et Le Seigneur des anneaux).

 

             Le héros de la fantasy représente l'espoir d'un royaume ou de l'humanité. Pour cela il doit partir, chassé de son enfance par une menace mortelle, sommé de trouver l'objet : épée magique, pierre..., ou la série d'objets indispensables pour sauver le monde. La notion de quête est associée dans notre esprit à la recherche du Graal. ce mythe qui traverse notre histoire littéraire et spirituelle semble bien être une création de Chrétien de Troyes qui a composé son Perceval ou le conte du Graal à la fin du XIIe siècle. Le roman entrelace les aventures de Perceval, jeune homme naïf qui doit chercher le graal et celles de Gauvain, modèle de la chevalerie à qui l'on enjoint de rapporter la lance. Perceval s'ignore, doit découvrir seul son nom et sa famille ; il s'égare dans le labyrinthe de la forêt où il oublie Dieu. Gauvain est confronté à son passé, à ses erreurs et franchit les bornes de Galvoie au-delà desquelles il s'enlise au Château des Reines, château merveilleux où il est accueilli par sa mère, sa tante et sa soeur, toutes mortes depuis longtemps. L'oeuvre étant inachevée, elle a suscité une suite de Continuations qui se prolongent dans le Roman de Lancelot ( la Queste del saint Graal fait partie du Roman de Lancelot).

 

             Cette prolifération de suites fait penser aux séries interminables de la littérature actuelle où le même personnage connaît d'innombrables aventures. En outre, les romans de fantasy font souvent référence aux oeuvres d'autres auteurs, soit en empruntant un personnage, soit en reprenant un ou plusieurs noms de lieux ou de personnes (en particulier parenté des noms des elfes d'une oeuvre à l'autre).

 

             A travers la quête d'un objet, c'est à la recherche de lui-même que le personnage est invité. Après être restée plus ou moins latent pendant des siècles, le thème de la quête et de l'enquête est devenu omniprésent au XXe siècle : quête de soi dans la psychanalyse, quête du passé dans l'archéologie, quête des origines dans l'engouement pour la généalogie, enquête sur les secrets de famille dans la littérature, quête de la vérité dans le roman policier. Et c'est bien en cela que la fantasy, héritière du roman médiéval, tournée vers un univers mythique et archaïque, est pleinement une littérature actuelle.

 

  Le héros

 

1. Un héros prédestiné

 

             Prince ou enfant trouvé élevé dans une ferme ou dans les cuisines du château ou auprès d’un vieux mage bienveillant, le héros est, tout comme Lancelot et Galaad, prédestiné. Mais il l’ignore et la prédestination n’empêche pas l’indécision de son avenir.

 

 Il doit accomplir de grandes actions que lui seul est en mesure d’accomplir mais rien ne garantit qu’il réussira. Dans La Belgariade , il y a deux prédictions opposées soutenues par des entités (divines) en lutte. Dans tous les cas, le héros doit lutter contre les forces déchaînées du mal. Il a une mission, à laquelle il peut être tenté de se dérober, et qu’il doit réussir pour sauver le monde du chaos et de la barbarie.

 

  2. La fantasy récit initiatique

 

             Beaucoup de héros sont adolescents. “Le rite de passage est le sujet même de bon nombre de romans d’heroic fantasy” (P. Borione, Adolescence et science-fiction, Lecture Jeune,1996, n°78). Garion apprend progressivement, sous la direction de son grand-père et de sa tante, à développer ses pouvoirs magiques et à contrôler l’usage qu’il en fait. La peur d’être englouti par sa sexualité est le thème de Titus dans les ténèbres de Mervyn Peake, “scénographie symbolique de l’angoisse de l’adolescent face à la puberté” (P. Borione) ; on la retrouve dans Le commencement de nulle part d’Ursula Le Guin. L’initiation du héros adolescent sert un dessein messianique. La pureté de la jeunesse comme rédemption de la sauvagerie de l’adulte. Il sera l’élu” (P. Borione). Dans Le Seigneur des anneaux c’est parce que Frodon n’est pas un guerrier, parce qu’il n’est pas à la recherche du pouvoir qu’il réussira sa quête. Selon la grande tradition des romans du Graal, la quête est réservée à un coeur pur. Frodon ressent l’attraction des forces du mal mais son honnêteté et son courage lui permettent d’en triompher.

 

  3. De Conan le Barbare à Barnstable l'anti-héros.

 

             La psychologie des personnages est plus ou moins riche, plus ou moins fouillée. Certains sont tout d'une pièce, d'autres connaissent le doute, l'angoisse, plus rarement la peur. Sa mission lui impose la lutte armée contre les forces du mal, mais, si Conan le Barbare est “très viril et très musclé”, s’il “pourfend sans état d’âme ses ennemis”, Elric des Dragons “ne tue que contraint et forcé par “Stormbringer” son épée buveuse d’âmes dont il est esclave” (P. Borione).

 

             A l'opposé de ces personnages de guerriers la fantasy nous propose aussi, dans la lignée des hobbitts de Tolkien, des héros doux et paisibles, attachés aux douceurs d'une vie confortable et casanière. Barnstable, le fabricand de fromage naïf et bon, lancé sur une coque de noix dans les flots dangereux de la rivière (Contes de l'Oriel de J.P. Blaylock) est le type même de cet anti-héros qui attire la sympathie et n'est jamais ni ridicule ni grotesque.

 

             Enfin certains récits, surtout ceux que l'on peut qualifier d'”histoire revisitée”, mettent en scène des personnages nombreux et complexes, à la psychologie fouillée, confrontés à un monde qui ne se résume pas à la lutte du bien et du mal.

 

   4. Les héroïnes

 

             Princesses, guerrières ou magiciennes, les héroïnes sont assez nombreuses dans la fantasy. Marion Zimmer Bradley construit ses récits autour d'une ou plusieurs femmes, que ce soit La romance de Ténébreuse ou Les Dames du Lac. C.J. Cherryh utilise personnages masculins et féminins et la figure de Morgane est inoubliable (Les Portes d'Ivrel, Le Puits de Shuian, Les feux d'Azeroth).

 

            Dans La tapisserie de Fionavar, sur les cinq étudiants qui partent pour Fionavar, la seule femme, Kay, est plus que tout autre élément moteur du récit, accablée de sa responsabilité et tributaire d'un étrange anneau qui en fait l'équivalent d'une déesse de la guerre. Lorsque les femmes sont personnages secondaires, elles ne restent pas passives et ternes : la petite reine de La Belgariade est une forte personnalité tout comme la tante de Garion dans le même récit ; toutes deux sont indispensables à l'action. Dans Les chroniques d'Arcturus, la princesse Lirn aimée du héros, belle et amoureuse, mère d'Arcturus, est sans cesse présente et le récit s'articule autour de son destin.

 

             Les héroïnes se prêtent aussi au rire ainsi qu'en témoigne Mécomptes de fées de H. Pratchett où trois sorcières voyageant sur leurs balais sont confrontées à des aventures loufoques. Ces personnages de femmes, plus rarement d'adolescentes, volontaires et fortes, parfois perfides ou assoiffées de pouvoir, au total très différentes des femmes-objets de la littérature sentimentale, sont-ils une des faces qu'a prises la littérature féminine et féministe au cours des trente dernières années ? On peut l'affirmer sans doute à propos de l'émergence de la femme guerrière, dompteuse ou amie de dragons. On peut le dire des Dames du Lac. On peut penser enfin que la nouvelle place de la femme dans la société trouve dans cette littérature un écho particulier, offrant des modèles féminins différents des rôles traditionnels.

 

 

 

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 11:19

             Il est courant d’entendre dire, à propos des Magiciens, qu’ils sont des personnages aussi secrets que mystérieux. Les plus avertis me diront, qu’après tout, on ne sait pas grand-chose les concernant, et je ne vous contredirai d’ailleurs aucunement. On les admire autant qu’on les craint, ou tout du moins s’en méfit-on quelque peu. Que font-ils de leurs journées ? Pourquoi passent-ils tout leur temps à lire de vieux grimoires ? Et puis surtout d’où peuvent-ils donc bien venir ? Ce sont assurément là des questions que beaucoup se sont un jour posées (et je ne doute pas que beaucoup d’autres se les poseront également). Or en l’absence de quelques réponses satisfaisantes, les plus méfiants d’entre nous évitent de se mêler d’avantages aux affaires des intéressés. Je ne vous cache pas que cela a pour conséquence d’entretenir un peu plus les interrogations sur ces derniers (de telle sorte que leur côté secret et mystérieux n’en est que plus conforté).

             Que sait-on à leur propos ? Peu de choses en vérité, comme je le vous disais précédemment, mais « peu de choses » ne signifient nullement « rien du tout ». Il n’est ainsi certainement pas inutile de rappeler que les Magiciens pratiquent l’art de l’enchantement et des sortilèges. Ce n’est cependant pas là l’unique caractéristique permettant de distinguer un Magicien. En effet, ils incarnent avant tout la sagesse et le savoir. Ainsi un Magicien qui serait dépourvu de savoir serait un charlatan, pis encore s’il est dépourvu de sagesse. Les Magiciens sont les amis des Hommes autant que ceux des Elfes, des Fées et des Lutins (même si ces derniers ont une prédisposition naturelle pour les irriter), et entretiennent par ailleurs d’excellents rapports avec la plupart des Gnomes et des Géants. Ils n’apprécient en revanche que très modérément les Rouardags, Aarzuls, Korrigans, Trolls et autres Gobelins avec qui ils ont souvent eu affaire par le passé (vous aurez compris qu’il s’agit là d’un doux euphémisme car on peut dire sans mentir qu’ils les détestent). Pour ce qui est de leurs demeures, elles se situent généralement sur les royaumes des Hommes, car c’est avec ceux-ci qu’ils entretiennent le plus d’échanges. Même s’ils sont souvent itinérants, on les aperçoit cependant peu car leurs affaires les occupent la plupart du temps, aussi beaucoup, parmi la population, ont tendance à se méfier d’eux (n’a-t-on pas toujours tendance à se méfier de ce que l’on ne connaît pas ?). Il faut également dire que certaines rumeurs incitent à la prudence. Il est par exemple couramment admis qu’un Magicien de mauvais poil a vite fait de vous changer en grenouille pour peu que vous l’irritiez d’avantage. Les gens ont donc pris l’habitude de ne point s’occuper des Magiciens, qui d’ailleurs ne s’en portent pas plus mal.

              

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